30.12.13

Extraits des 28 pages du Da Pacem - que blogspot s'est amusé à assombrir ( merci bien. )





24.12.13



Essais pour un projet assez important.

Pluton



Cantique des Cantiques.




Trois chapitres, trois styles différents et trois langues différentes - latin, hébreu, français -
Ce sont des tons tellement doux que c'est très difficile à scanner. 


22.12.13

Songe
Judith et Holopherne

La Roue.

Les 14 lances - première version



16.12.13

Irakireland


Etudes pour un passage sur le Cantique des Cantiques.




14.12.13

 Le chemin ardent.



Etude préparatoire.

Les anti-apôtres. 

Le roi et son conseiller .



6.12.13




J'ai fait un petit tour sur Bruxelles ces derniers jours.
                             Conférence de Juan Sasturain - qui a été scénariste pour Breccia.
                                                            Des gens dans une soirée.







Nabuchodonosor, se changeant en bête, implore une sorcière.





Autoportrait au miel.

18.11.13


                                        Mes planches de bd risquent de devenir un peu différentes.

31.10.13





Comme il convient bien à cette période de l'année, j'ai tout naturellement envoyé M.Sarrasine interviewer une authentique sorcière, au fin fond de l'Auvergne.
Kelly en déshabillé rituel.  
Initiée à la sorcellerie dans les années 70, alors qu'elle n'avait que 16 ans, Kelly est encore très attachée au folklore médiéval, pourtant tombé en désuétude, qui entoure sa pratique quotidienne. Il est vrai que, de nos jours, l'ensemble des institutions magiques se sont considérablement diversifiées, allant des prétendus renouveaux "païens", comme la wicca, jusqu'à des mouvements plus contestés comme les émeutes de jeunes de banlieue, en passant par la Thelema de Crowley et, bien sûr, Poudlard, qui est à la magie ce que Disney est à l'animation.
Bien loin de tout ça, vous constaterez malgré tout dans cette interview que, loin d'être réactionnaire, Kelly s'inscrit tout à fait dans son temps, usant avec grand plaisir des moyens techniques à sa disposition, ce qui est rare, pour les sorcières de sa classe.

G.Sarrasine : Ma chère Kelly, je suis déjà très heureux de voir qu'au vu de l'état impeccable de vos lavabos, vos robinets sont traités comme des êtres humains comme les autres. Mais venons en plutôt à vous, en particulier ; dites-moi donc ce qui vous a poussé à devenir sorcière ?

Kelly : Oh, c'est assez simple. Je suis née à New York, tu sais - quand j'étais petite, vers la fin des années 60, y'avait plein de trucs bizarres qui se faisaient dans le coin. Surtout dans la rue. Je comprenais vraiment rien. Mais c'était rigolo. Surtout les artistes qui se faisaient tabasser dans la rue, parce qu'ils faisaient des trucs inécoutables, et qui se faisaient défendre par des types qui venaient de découvrir le LSD.
Mes parents étaient pas riches, mais n'empêche, ils se prenaient pour des gens respectables, et ils se sont dits que l'ambiance était pas terrible, pour une petite fille. Alors on a déménagé dans une ferme du Wisconsin, tout près d'un cousin. Putain. Les campagnards m'ont rendu complètement folle. Comme tout le monde m’écœurait plus ou moins, je restais tout le temps à l'intérieur. Y'avait nulle part d'autre où aller. Dehors, que des champs à perte de vue, et les tracteurs pourris qui polluaient l'air. Mais heureusement, y'avait la vieille Ann. Elle venait me garder de temps à temps. J'avais un peu peur d'elle, au début. Puis petit à petit, comme on commençait à me traiter de sorcière, à l'école, parce que je restais toujours dans mon coin, j'ai fini par lui dire, à la vieille, que j'étais une sorcière. Elle m'a regardé d'un air tout surpris. Puis toute contente. Et elle m'a montré de ces trucs... des grimoires, de l'or, des fantômes dans des capsules... elle était complètement tarée ! Alors je me suis dit que je voulais faire pareil, et elle m'a appris tous ses trucs. A 16 ans, elle a voulu officialiser tout ça, et elle m'a emmené au Sabbat pour la première fois. Là j'ai vu monsieur Diable, on a passé une bonne nuit ensemble, et voilà, j'étais sorcière.

G.S. : Très simple, en effet. Et donc, si j'ai bien compris, vous êtes retourné vous installer à New York peu après ?
Kelly et Philip Glass dans le Bordel Mystique de L' East Village. 
 K. : Oui, les petits secrets d'alchimie de la vieille était bien pratiques. L'or qu'on avait fabriqué ensemble sur cinq ans m'a bien servi lorsque je me suis enfuie du Wisconsin en 79. Mes parents auraient pas pu faire autrement que me marier à un fermier. Personne savait que je m'étais faite des bonnes connaissances aux Sabbats. J'ai de suite décidé de rejoindre un groupe de filles dans l'East Village. On échangeait pas mal. Elles m'ont traîné à pas mal d'expos à l'époque, et on a pu voir les premiers Keith Harring et les premiers Kiki Smith en galerie. L'ambiance tarée s'était un peu apaisée, mais elle était toujours là.

Kelly en plein rituel d'invocation d'un chimpanzé vampire de l'espace. 

G.S. : Et c'est comme ça qu'est naît le groupe des 6 ?

K. :  Ouai, c'est ça.  En gros, on a organisé un bordel mystique dans une petite maison qu'on a faite construire entre deux immeubles. On pouvait plus tenir, toutes ensembles, dans le même loft, il nous fallait un peu plus grand. Et puis, surtout, on avait vraiment envie de s'amuser. On a pu faire de grosses soirées secrètes à l'intérieur - genre, avec des invités comme le Warhol, Zappa, Kenneth Anger, Chuck Close... Et encore, ça, c'était que les humains. Ils faisaient presque pâles figures face à Dionysos, Apollon, ou l'empereur Cöb°al'Zÿrgw, de la planète Vix'Kzceüton.

G.S. : Pour résumer, ça a duré 5 ans, jusqu'à ce qu'un... accident mette fin à vos soirées ?

K. : Disons qu'on était pas très prudentes. On était surtout très bourrées. On aimait beaucoup faire des cocktails avec des trucs bizarres.  Alors le jour où on a invité Belzébuth, on a oublié qu'il était allergique au piment rouge... On s'en est souvenu quand il a goûté notre " Piccalilli-Barbie à la sauce œstrogène " ! (rire)

G.S. : La ville de New-York vous a poursuivi pour attentat terroriste. Il y aurait eu en tout 115 morts et une cinquantaine de blessés graves, voire très graves.

K. : Oh, tu sais, c'était l'époque où les gens commençaient vraiment à être chiants dans le coin. On pensait que c'était drôle, nous, de voir autant d'acide sulfurique dans les rues. Mais c'était pas vraiment du goût du maire. On s'est dit que c'était peut-être le moment de quitter New York.

G.S. : Et où êtes vous allée, juste après ?

K. : On est parti quelques temps en Grèce, avec un Satyre sympa, mais comme on sentait que les emmerdes allaient devenir internationales - les chasses aux sorcières ont bénéficié considérablement de la mondialisation naissante - on est parti chacune de notre côté. J'ai pas eu de nouvelles depuis, pas même au Sabbat. J'ai juste appris, récemment, qu' Anna avait fondé le FEMEN. Très franchement, je crois qu'elle délire un peu. A l'époque du bordel, si elle avait fait un mouvement féministe, elle se serait plutôt amusée à violer des gens dans la rue.

G.S. : Et donc, depuis les années 90, vous vous êtes installée en France, pourquoi ?

K. : Après l'épisode de la " chasse ", je me suis vite identifiée aux sorcières du Moyen-âge. Je me suis dit que, quitte à aller dans un endroit paumé, autant aller dans un coin viscéral de l'époque. J'ai d'abord hésité avec l'Allemagne, mais c'était pas le meilleur moment pour y aller - le mur venait juste de tomber - l'attention médiatique était là-bas, et les villes étaient franchement devenues crades. Dans le genre malsain. Pas comme l'East Village, où c'était crade, mais dans le genre fun.
Alors je suis allée en Auvergne. Paf. Et j'ai un peu réappris la solitude.

G.S. : C'est pourtant là que vous avez reconstruit votre bordel mystique ?

K. : Pas vraiment, non. C'était pas vraiment un bordel. J'invitais des dieux, oui, de temps à autres, mais le plus souvent, je restais toute seule.
Kelly dans son laboratoire.
  
G.S. : En 1999, vous avez de nouveau fait beaucoup parler de vous...

K. : Oui ! Indirectement ! C'est que durant toutes ces années à rester à peu près seule, je me suis repenchée sur ce que j'adorais faire avec la vieille : expérimenter un peu n'importe quoi ! Et en 99, j'étudiais particulièrement les mouvements du vent. Et un soir, j'ai fait une connerie. C'est ce qui se passe quand on boit de la menthe au dessus d'un chaudron de marmottes liquides - ça fait pas bon mélange - à moins que tu veuilles détruire ta maison en provoquant une gigantesque tempête.

G.S. : Les gens ont cru que c'était la fin du monde.
Sixtine et la Kelly en 2012.

K. : C'est tombé au bon moment. Fin Décembre. Avant le nouveau millénaire, y'a rien de plus inquiétant.

G.S. : Et si je m'en tiens à ce que je vois dans votre nouveau chalet, vous n'avez pas pour autant cessé vos activités.

K. : Je fais juste un peu plus attention. Promis.

G.S. : Tant que vous ne maltraitez pas vos robinets, ça me va. Pour en venir au présent, à quoi ressemblent vos journées maintenant ?

K. : J'ai été très étonnée de voir qu'après 2001, l'avis de recherche international qui avait été lancé contre nous s'est évaporé, et que nous avions miraculeusement disparu de l'esprit des New-Yorkais. Depuis, je retourne régulièrement en ville. Je me suis même retrouvé une Cadillac, pour les balades. Après, j'ai rencontré Sixtine, dont j'ignorais complètement l'existence avant de la voir à un Sabbat en 2012. Elle habitait pourtant pas loin de chez moi ! Je dois avouer qu'elle est un peu bizarre, mais on s'entend bien. Dernièrement, on a fait un tour en Belgique, ensemble. Depuis qu'on est rentré, je passe mes journées à faire de nouvelles expériences. Je travaille sur les plaques tectoniques, c'est super intéressant !

G.S. : J'ai pu apprendre de la part de Sixtine qu'elle vous avez offert quelques tonneaux de vin sucré, vous m'en serviriez bien une bouteille ?

K. :  Oh putain ouai ! ça commençait à me gaver ton interview !

La cabane de Kelly, le 20 Octobre 2013.
 
                                                   
                                       
Monsieur Sarrasine et Kelly  à la cabane auvergnate. 

                                       
 



  ( Gustave Sarrasine est un éminent philosophe et créateur de mode, notamment connu grâce à son livre " Pour Cesser de Fuir ", paru le 28 mai 2012 aux éditions Balache ; témoignage poignant sur la condition du robinet de lavabo domestique défectueux, et qui créa le scandale dans le milieu de la plomberie )